Contexte de ce voyage

Ce voyage pour mes quarante ans, de début janvier à la fin février 2006, en était un de contemplation et de découverte de soi.... lecture, baignade, plage, ville de zihuatanejo...j'ai peu (ou nous avons peu) bougé... contemplant la baie de Zihuatanejo du haut de notre petite Choza (chalet) juché à flanc de montagne...
Rozana a passé les 3 premières semaines avec moi à Zihuatanejo... ensuite j'ai fait une petite saucette dans l'État du Michoacan, pour voir Morélia et bien sûr le sanctuaire des papillons monarques, pour revenir chez moi, dans ma petite choza de Zihuatanejo sur le bord du Pacifique, afin de terminer cette nouvelle aventure mexicaine.

Résumé en photos

Résumé en photos
Rozana fête ses cinq ans avec les dauphins

Carnets de voyage

CARNETS D'UN VOYAGE de mes 40 ans... Un voyage intérieur...
1er billet, l'avant départ
Montréal le 30 décembre 2005,

Bonjour je m’appelle Nanga, je suis le nouveau chien de Rozana… je me permets de prendre l’ordinateur pour vous écrire afin de vous souhaiter de bons vœux à la place du papa de Rozana, Richard qui est trop occupé en cette fin d’année. Il vient de terminer une demande de subvention pour le travail, il n’a même pas commencé à préparer son prochain voyage alors qu’il part avec Rozana mardi matin pour le Mexique. Lui il part pour 8 semaines alors que pour la petite, sa mère va venir la chercher au milieu du périple soit vers la fin janvier, il continuera donc seul (c’est ce qu’il croit…) jusqu’à la fin février. Je vous dis, il ne tient plus trop en place, à chaque départ c’est un peu la même chose… il est un peu dernière minute, ce qui le rend un peu nerveux. C’est même Rozana qui pense plus au voyage, elle sait déjà ce qu’elle veut apporter. D’ailleurs j’ai fait parti de leur sujet de conversation hier matin : « Non Rozie, tu n’apporteras pas ce chien là avec nous…est-ce que c’est clair? » «Pourquoi Papa, on ne va pas le laisser ici tout seul, il va s’ennuyer… » « Rozana, regarde tu as juste une valise pour apporter tes jouets et tes livres et tu devras choisir…et ce chien est trop gros ». Je la comprends un peu de ne pas vouloir me laisser seul à la maison, surtout que j’ai écouté une conversation de Richard au téléphone qui disais à quelqu’un que si l’appartement n’est pas loué, il va régler le chauffage au strict minimum, pour ne pas que les tuyaux gèlent. Et moi là dedans, qu’est-ce qu’il pense de moi… Jusqu’au soir de Noël, j’appartenais à Marie-Claude la grande cousine de Rozana.

Marie-Claude quand elle a vu en fin de soirée de Noël que Rozana s’amusait beaucoup avec moi, elle a décidé, comme ça, de me donner… tu parles d’une histoire… Il faut dire que quand on est une grande ado, ça peut commencer à être gênant, de recevoir les amis à la maison, surtout ceux du sexe opposé, "euh voici mon toutou préféré…" pis là elle devient rouge de honte… ça fait c’est comme ça qu’elle a pensé qu’il valait mieux que j’immigre en ville chez un autre enfant. Bon alors pour revenir à nos moutons, comme j’ai vu Richard un peu fatigué, nerveux et surtout occupé, j’ai décidé de vous écrire à sa place, pour vous donner de ses nouvelles… et pour vous dire qu’il tentera de refaire le coup du carnet de voyage… Alors ceux qui le désirent, recevront des petits courriel, histoire de partager ses aventures et surtout ses feeling de voyage (si vous ne le souhaitez pas… juste à lui en faire part et il retirera votre nom de la liste)… Ça fait assez de fois que je l’entends raconter, que je sais par cœur ce qu’il va faire… Il va rester au même endroit tout ce temps (en tout cas c’est ce qu’il pense), car il s’est loué un appartement près des plages du Pacifique de Zihuatanejo. Non, il n'y aura plus de douze heures de bus de nuit, sac à dos, périples, visites de projets socio-communautaires… non, cette année il ne fait rien ! Ah oui, je l’ai entendu au moins mille fois dire, « Lecture, écriture et châteaux de sable… dans l’ordre ou dans le désordre! » C’est certain, que c’est une période privilégiée qu’il veut savourer avec Rozana… ils fêtent ensemble la dernière année de garderie et les 40 ans de Papa… mais aussi les 5 ans de Rozana… alors tout ça mis ensemble… ils ont de belles raisons pour faire des châteaux de sable. Pis si les châteaux de sable prennent trop d’espace… l’écriture et la lecture attendront le mois de février, quand Rozana sera avec sa mère. Vous pensez que ça va être peinard et que le Richard n’aura pas grand-chose à vous raconter… détrompez-vous, car des aventures, il y en aura… je l’ai vu dans ma boule de cristal.
En attendant ce fameux départ d’ici quelques jours, j’aimerais vous souhaiter au nom de mes nouveaux maîtres, car eux n’auront pas beaucoup de temps pour le faire, une très belle année de chien… euh non pas ça, c’est vrai que pour les humains ça n’a pas la même signification… disons que j’aimerais vous souhaiter une année 2006 remplie de bonheur véritable, de joie, de lumière… ouvrez votre petit cœur… car je sens que les lutins n’attendent que cela pour entrer en vous. Ici dans cette maison, il y en a plein, ils sont tous fous, mais chut… c’est un secret entre Rozana et moi, je ne suis pas certain que Richard s’en soit aperçu…


Peut-être y aura-t-il assez de place dans la valise de Rozana, pour qu’un ou deux de nos amis les suivent… c’est ce qu’on verra !


J’espère qu’ils feront un beau voyage.

Chao et à bientôt !


Rozana et Nanga





Zihuatanejo, le 9 janvier 2006 2e billet

Bonjour, je suis Pablo, un jeune lutin caméléon… j’étais caché dans la valise de la petite et je me suis transformé en lézard en arrivant ici avec mes 3 frères et soeur, afin que Richard ne se doute de rien. Rozana nous fait à l’occasion des petits clins d’œil, contente de la complicité qu’elle a avec nous. Son père qui a eu très peur quand il a aperçu mon frère Juan pour la première fois en fermant la porte de la chambre. Il s’est mis à inventer une histoire à Rozana, à propos de notre présence pour dorer l’image des lézards dans la place. Il lui a raconté que nous étions de gentils petits animaux qui bouffions des insectes comme des araignées et des grosses fourmis… Il avait peur de la peur de la petite alors que je ne sais pas trop s’il ne s’inventait pas des histoires pour contrer sa propre peur, car Rozana nous avait bien aperçu dès son arrivée dans l’appartement. Toute suite nous eûmes cette complicité amicale.

Alors je décide de prendre le clavier durant leur disparition au centre-ville, car déjà que nous sommes à notre 7e journée de voyage et Richard n’a même pas pu prendre quelques minutes pour écrire un mot et de vous l’envoyer comme promis. Cette première semaine en fut une d’adaptation : de voyager avec un enfant, de connaître les alentours, d’aller et de revenir en ville pour faire l’épicerie et sortir un peu… Ah oui eux, ils sont allé au cinéma deux fois entre autre pour aller voir La prophétie des grenouilles en espagnol… il faut dire que Rozana l’a vu plus d’une douzaine de fois en français à la maison… mais dans un cinéma de petite ville mexicaine en espagnol… cela a tout son charme et sa nouveauté ! Des sièges démantibulés, une odeur de moisis mêlée à celle trop graisseuse du popcorn cuit d’avance, une pellicule qui saute la moitié du temps et un entracte à la mi-temps d’un film de 1h30, pour que les quelques clients retournent s’acheter le restant des sacs de popcorn éclos depuis la veille.

Mais cet appartement à flanc de montagne avec vue sur la baie de Zihuatanejo… est l’idéal… assez modeste avec un peu de fourmis qui fait mon délice ainsi qu’aux autres membres de ma famille. Mais la vue est imprenable tant au niveau du couché de soleil que sur la faune que l’on voit sur le terrain aux alentours ou dans les deux arbres aux abords de la terrasse : iguane, oiseaux de toutes sortes (j’en ai repéré une douzaine d’espèce déjà), papillons, et en plus des petits cousins que je n’avais jamais vu. C’est juste que leur accent soit difficile à entrer, mais je sens qu’une petite lézarde rencontrée hier m’aidera bientôt à y voir plus clair.

Il y a juste une chose qui m’inquiète, c’est que Richard ne semble pas trop relâcher encore… je l’ai trouvé bien sérieux avec Rozana… consigne par ci consigne par là… elle semble un peu s’en moquer… et tiens encore hier matin : « Rozana, oublie pas, tu ne bois pas l’eau du robinet… seulement celle qui est dans le frigo… » Elle, elle fait semblant de regarder au plafond et me fait un petit clin d’œil avec un sourire coquin…

Voilà pour le premier tour d’horizon… et j’espère que le maître saura bientôt reprendre le clavier et ouvrir un peu son sens philosophico-temporel pour vous donner quelques brides de ses pensées …

Pablo, le lutin caméléon






Zihuatanejo, le 16 janvier 2005

3e billet Vive le présent!

Bon, il est temps de reprendre le contrôle de mon clavier…quoi qu’avec un manque d’inspiration et de temps, il n’y a rien qu’un gros toutou ou un petit lézard pour vous sortir de l’embarras et je les remercie…

Nous sommes à la fin de la 2e semaine, et ça fait tout drôle de s’installer dans une petite routine à l’étranger. Dans les autres voyages, c’était des périples de globe-trotters mais là… je dois vous dire que même si s’installer dans un appartement pour plusieurs semaines demande un certain mouvement… le beat vacance rentre tranquillement… et avec lui celui de l’arrêt, comme dans stopper la machine. Je sens la notion du mot présence s’installer tranquillement aussi… et cela c’est un peu bizarre pour moi. Même si j’en ai probablement pas l’air… j’ai plutôt tendance à vivre dans les projets… le futur, les choses à faire que dans les moments présents et rarement le décrochage se fait, même dans mes voyages du passé…décrochage oui, quand on prend un bus de 12 heures de nuit entre Oaxaca et San Cristobal de las Casas, c’est certain qu’on décroche en voyant les précipices d’un côté du bus et de l’autre des montagnes remplis de cactus… mais ce n’est pas un décrochage qui détend… il y a toujours une pression quelconque : surveillance des bagages, horaire du bus, où allons-nous dormir, la nourriture, etc. Le dépaysement de ce type de voyage est une coupure de votre quotidien de façon garanti, mais la pression elle… ce n’est pas garanti qu’on en décrochera!

Là où je veux en venir, c’est plutôt la liaison entre le fait de vivre le moment présent et de le faire de façon détendu, de décrocher en enlevant la pression. C’est ce que je commence à sentir avec Rozana… ENFIN! Plus de présence et moins de préoccupation…

C’est la première fois que je passe autant de temps seul avec elle en continuité, c’est quelque chose! J’avoue que j’avais un peu peur à la fois de cette responsabilité, justement de cette pression de surveillance constante, et le fait de ne pas avoir du tout de temps pour moi ou si peu (ça peut paraître un peu égoiste…) Ici pas de petits amis qui changent le focus de sur son père, pas d’autres adultes pour s’en occuper, pas de grand-maman Diane et surtout pas de Maman… sauf quelques communication vidéo via internet (une chance)…

Alors une fois passé, les arrangements du quotidien pour l’appartement et l’acquisition d’une certaine facilité pour se déplacer en ville avec les bus pour les achats et les sorties… que reste-t-il? Un bout de chou de 5 ans qui veut jouer avec toi. Une petite fille devenue un peu plus grande aujourd’hui et qui te regarde en disant… occupe toi de moi. Tiens donc c’est vrai j’avais oublié… que de s’occuper d’un enfant ce n’était pas juste de lui faire à manger, de vérifier si elle a brossé ses dents, de démêler ses cheveux, de la surveiller quand elle est à l’eau, de lui montrer les choses à faire et ne pas faire… tout cela relève de la responsabilité parentale…et on tente tous de le faire le mieux qu’on peut en faisant des erreurs et en rectifiant le tir.

Non, ça vient de me sauter aux yeux après deux semaines de tentative de décrochage que d’être père c’est aussi et peut-être surtout de connecter avec son enfant… c’est ce qui je pense est en train de se passer. Et une prime… ça peut amener le décrochage !

C’est donc un moment privilégié que je suis en train de vivre puisque comme je vous le mentionnais je n’ai jamais eu l’occasion d’avoir assez de temps et d’arriver à cette étape de décrocher et d’être présent en enlevant toute pression en présence de Rozana, je pense que j’y arrive, merci à la vie, merci à Josée de me le permettre et merci à Rozana d’être là dans ma vie …

Il me semble qu’après cette expérience, la relation avec ma fille ne sera plus pareille! On peut aller nager avec les dauphins aujourd’hui pour ta fête, mais c’est surtout de ce cadeau que j’avais le goût de t’offrir. Vive le présent !

Bonne fête Rozana !


Richard










4e billet

Portrait d'une propriétaire



Zihuatanejo, le 19 janvier 2006

Il y aurait tant de choses à dire sur le quotidien d’ici. Si je me reporte aux voyages de globe-trotters du passé, les aventures filaient à toute vitesse et je pouvais en capter certains éléments et le raconter avec mon regard… Mais là, petit appartement, plage, resto de l’hôtel, marché au centre-ville, activités diverses avec Rozana… bref, choses du quotidien. Quoi vous raconter ? Et bien, je me rends compte que cette façon de voyager, permet de regarder un peu plus les gens, de voir qu’ils sont comme les gens de chez nous, ou d’ailleurs… avec leurs défauts et leurs qualités. J’ai envie de vous parler de la propriétaire de cet appartement : la señora Alexandra Riveroll, un peu excentrique, caractérielle, gâtée, difficile à suivre, bref une vraie bourgeoise…

D’abord je dois vous dire l’endroit où j’ai loué, on l’appelle la choza, rien de vraiment luxueux par rapport aux appartements condos qui sont un peu plus haut sur la montagne dont la señora Alexandra est aussi propriétaire d’un de ceux là . La choza, malgré sa vue imprenable sur la baie de Zihuatanejo et sur de magnifiques couchés de soleil, est un peu du genre chalet à l’intérieur, j’ai même pensé que choza pouvait signifier : garçonnière… Malgré sa simplicité, la choza se retrouve parmi les riches à playa Ropa, ce qui détonne un peu avec le reste des habitations et hôtels qu’il y a dans ce coin de Zihuatanejo.

Mon premier contact avec Alexandra a été en septembre dernier via internet quand je me cherchais un appartement à louer pour ces deux mois. Tout de suite j’ai vu qu’elle avait plusieurs choses en tête, que de sa propriété de la capitale Mexico, ou de sa propriété de San Miguel Allende en montagne, ou encore de sa propriété de Zihuatanejo; elle tente de gérer tant bien que mal, avec ordi qu’elle transporte et le téléphone de l’autre main. Il a nécessité 4 ou 5 contacts pour qu’on s’entende sur un prix, puis un paiement via un transfert d’argent dans son compte de banque au Texas. Elle s’était trompé de numéro de compte, elle partait pour l’Europe voir son fils en Angleterre, sa petite fille en Suède et un voyage en Bulgarie, elle m’urgeait pour que le paiement soit fait alors qu’il était fait depuis une semaine… bref la madame était un peu mêlée.

À son retour au Mexique en novembre, elle me demande de l’appeler, elle me baragouine en français, un peu en anglais… des choses incompréhensibles que je lui demande de me traduire dans sa langue maternelle pour que je puisse mieux comprendre… Elle me demande un dépôt pour l’appartement… chut… ça fait un mois et demi qu’il est fait le dépôt que je lui réponds…. « oh, my god, excuse-me, je m’excuse, je me suis confondu avec un autre… » Vous voyez un peu le genre… Elle n’est pas méchante, c’est juste qu’elle a beaucoup de choses en tête.

En arrivant ici, je fais affaire avec Guillermo qui est l’homme de confiance embauché par les propriétaires de condo. La señora Riveroll était à Mexico à mon arrivée ici et devait passer à Zihuatanejo un peu plus tard dans le mois pour quelques jours afin de tenter de régler des choses (car son condo est à vendre) et à ce moment là je la verrais. Mais le pauvre Guillermo est pris entre une chicane de propriétaire entre Alexandra et Procter qui est un canadien du BC qui occupe le condo voisin d’Alexandra. Alors à mon arrivée, j’arrange mes choses avec Guillermo, concernant le gaz, l’eau, le dernier paiement pour le 2e mois de loyer, c’est lui qui me dit où on met les déchets, etc… c’est l’homme de confiance de la place.

Premier coup de fil de Mexico, Alexandra, pour me dire de ne pas parler avec Procter, qu’il est un fou, que sa femme est folle qu’elle a un gros problème avec eux, concernant la vente de son condo… bref des problèmes de riches (que je me dis).

Un deuxième coup de fil, pour me dire que s’il y avait des gens qui me questionnent, de répondre que je suis un ami qui a emprunté l’appartement… (Elle n’est pas sensée de louer sa Choza, du moins pas au noir) c’est là que je commence à comprendre qu’elle paranoïde un peu avec ses affaires. Je lui indique aussi à ce moment que j’ai appelé la compagnie de téléphone pour faire installer internet, et là elle commence à me dire que je ne devais pas faire cela, que je devais lui demander la permission… je lui rappelle qu’on s’était entendu depuis le mois de novembre sur cela… oups… elle avait oublié et s’excuse ! Tout cela dans un pseudo français et anglais un peu incompréhensible, mais se refuse de parler espagnol avec moi.

Un jour Guillermo m’annonce qu’Alexandra s’en vient le jeudi suivant pour quelques jours et que lui s’en va en vacances pour une semaine (je me demande pourquoi cette coïncidence)… Le téléphone sonne, Alexandra me demande un service : celui d’appeler la compagnie d’internet pour pouvoir connecter internet dans son appartement en même temps que dans la Choza (c’est la même ligne de téléphone)… je lui réponds que je vais voir ce que je peux faire… (déjà que je trouve un peu bizarre qu’elle me demande de lui rendre ce genre de service alors que c’est sa langue et qu’elle est chez elle… et que pour moi c’est un peu difficile de communiquer par téléphone à des services publiques, dans un pays étranger et dans une langue que je ne suis pas complètement à l’aise. Je n’en fais pas trop de cas… et je fais mon possible pour lui rendre service… À son arrivée, « hello my dear… como estas? Bisou… comme si on se connaissait depuis des années, et là elle recommence avec ses services, qu’elle a absolument besoin d’internet, que je devais appeler pour lui rendre service, et là je m’apercevais que je m’étais embarquer dans une galère… tout de suite après « Ah mon cher, alors dimanche on va manger avec Eva la propriétaire de l’hôtel d'en bas… tu va voir elle est formidable… » Je ne savais pas trop comment me sortir de ce trou… mais bof, ça faisait une nouvelle présence pour la petite (avec un peu de français…) et que j’avais seulement quelques jours à l’endurer… Après avoir perdu 2h ½ avec Telmex (la compagnie de téléphone-internet) pour son cas… je l’ai averti que je ne pouvais pas faire grand-chose et qu’elle devra avoir aussi un modem pour faire entrer internet chez elle… Ça devenait un peu compliqué, car elle me demandait de rappeler … et on réessayait autre chose… et je ne comprenais pas trop pourquoi elle me demandait toute sorte de chose, un peu plus tard c’était de voir son ordi que tel programme fonctionnait mal… etc. Je lui ai finalement dit que je n’étais pas technicien et que j’avais ma fille à m’occuper. Alexandra n’en fait pas trop de cas, elle écoute peu ce que je lui dis, que ce soit en espagnol ou en français…

Elle était ici avec Roberto, un ex mari séparé depuis 30 ans avec qui, ils ont eu un fils (celui qui est en Angleterre séparé aussi d’avec sa femme suédoise, de là une petite fille qui vit avec sa mère à Stockolm). Roberto est d’origine hongroise, directeur de cinéma, un peu caractériel aussi, se chicane toujours avec Alexandra, se boudent, bref continuent d’avoir de vieux paterns… de couple qui s’entend pas. Mais elle m’a dit que lui avait été un bon mari et qu’ils sont restés amis (comme je voyais, puisqu’ils voyageaient ensemble). L’autre ex-mari qu’elle a eu après Roberto, c’est Victor. Ils ont eu une fille ensemble qui vit aux Etats-Unis, Victor est un fou (selon Alexandra) c’est à lui qu’appartenait les terrains ici et qui a développé les condos… tous les condos ont été réglés et officialisés depuis longtemps sauf celui d’Alexandra… (J’imagine pour une chicane de séparation) … Concernant la choza, il appartient officiellement à leur fille… Alors la petite histoire de son condo est qu’il appartient à Alexandra mais qu’il n’a pas été officialisé, elle se fait chier avec Procter son voisin, et que Victor l’ex à Alexandra et ancien propriétaire doit de l’argent à Procter… et que le condo d’Alexandra est en quelque sorte une garantie… En voulez-vous un problème de riches ???

Après 2 jours du passage d’Alexandra … j’étais au courant de tout cela, que Procter était un fou que sa femme était une vache, que son ex-mari était un irresponsable, que le gars de l’hôtel ça n’allait pas dans sa tête, que Roberto (son premier ex) était trop proche de ses sous… vous voyez le décor.

Elle continuait de me demander des services… que j’ai refusés gentiment de peur de m’engouffrer davantage dans le plat dans lequel j’avais commencé à mettre les pieds. Après son retour à Mexico, elle m’a appelé pour me demander un autre service, que je devais utiliser les services de la bonne qui doit passer le samedi (et la payer bien sûr) pour ne pas qu’elle la perde. Lui faire faire le ménage, du lavage… mais je lui répondis que je n’en avais pas besoin, que mon un et ½, je pouvais l’entretenir tout seul. Et là elle s’est fâchée… parce que je pense qu’elle n’est peut-être pas habituée de se faire dire non… J’en suis là avec Alexandra… mais elle n’est pas méchante juste un peu gâtée !

Voilà un petit portrait d’une personne rencontrée… mais ne vous en faites pas … les mexicains sont loin d’être tous comme elle.

Bonne journée avec le sourire !

Richard



5e billet
24 janvier
Chronique de lecture…

J’ai apporté avec moi une dizaine de livres, je m’étais dit que je ne lirais sûrement pas beaucoup en première partie de voyage. Seul avec ma fille, je croyais que l’intensité de ces premières semaines ne me donnerait guerre de temps pour lire. Je n’ai jamais été un grand lecteur plus jeune, disons à l’adolescence et dans ma vingtaine, je n’ai pratiquement (ou presque) rien lu par plaisir, roman ou autre, mise à part les journaux. Je me suis souvent demandé, comment j’ai pu faire pour sortir de l’université avec un baccalauréat en plus en sc. Humaines. J’ai toujours côtoyé, d’une part des gens peu scolarisé entre autre dans ma famille ou relié à mes emplois et d’autre part des plus scolarisés surtout chez des amis ou des collègues. Moi, j’ai navigué entre ces deux mondes, étant un intello, pour ceux qui aiment faire du « school bashing », ou quelqu’un du p’tit peuple pour les autres.

Bref, j’ai commencé ma vie professionnelle avec de grandes lacunes au niveau du français écrit, ceci veut aussi dire lacune dans la langue parlée et bien sûr cela touche aussi la construction de la pensée. Malgré cette lacune, j’ai su par mon sens de la logique à me débrouiller autant dans mon parcours sinueux universitaire que dans mes premiers emplois dans le milieu communautaire.

Avec mes premières années de vie professionnelle, je me suis mis à lire un peu plus, durant certaines périodes de l’année, notamment durant les voyages. Ma nécessité d’écrire dans mes emplois, m’a obligé à renforcer ma langue et ainsi rejoindre une certaine moyenne quant à la qualité du français. Mon intérêt pour la littérature, tout comme pour l’écriture… prend un certain essor en vieillissant, ou j’allais dire en grandissant.

Voilà comme introduction à ce billet que je voulais comme chronique de lecture. Ce n’est que depuis une dizaine d’années que j’enfile des bouquins dans les périodes de voyage comme celui-ci… et heureusement ces périodes se rallongent en vieillissant. Qui a dit que vieillir était mauvais ? Bref une dizaine de livres pour mes deux mois, en pensant que le premier mois je ne lirais pratiquement pas, devait suffire pour mes besoins de lecture. Et je me suis dis que tant pis si je n’ai pas assez de livres, car dix livres dans un sac de voyage, ce ne sont pas justes des livres mais bien des kilos. Et je me suis dis aussi, il serait peut-être temps que je me mettre à lire en espagnol si j’arrive au bout de cette lecture prématurément…

Après trois semaines de voyage, que je dois dire très intense avec Rozana, la moitié de ma banque est déjà chose du passé… ça me fait un peu paniquer, car avec le départ de Rozana, qui rejoint sa mère jeudi, on pourrait penser que malgré ma lenteur en lecture… je ferai qu’une bouchée du reste de ma petite bibliothèque de voyage.

Dans mes choix de lecture, j’en suis beaucoup encore avec des auteurs québécois, pas exclusivement, mais c’est la majorité. Sans avoir vraiment réfléchis dans mes préparations de voyages aux livres que j’apportais, je me suis retrouvé ici au Mexique avec 7 livres québécois sur dix. Des 5 livres lus jusqu’à maintenant, j’aimerais vous entretenir de trois d’entre eux :

1- Tout d’abord le roman de Jean Barbe «Comment devenir un ange », j’avoue quand ma grande sœur Céline me l’a offert en cadeau pour mes 40 ans en novembre dernier, je n’avais pas trop d’attente, puisque j’ai toujours eu un peu de préjugés vis-à-vis cet auteur sans trop le connaître, je l’ai toujours trouvé plutôt prétentieux. J’ai bien aimé l’histoire de ces 3 colocataires qui dure dans le temps, et cette certaine quête du personnage principal de spiritualité (plutôt subtilement), malgré un athéisme ou un agnosticisme qui ont marqué ma génération (et celle de Jean Barbe qui n’a que trois ans de plus que moi). Rozana a du me sortir du livre à quelques occasions…


2- Un autre cadeau d’anniversaire a été le livre de Gil Courtemenche «Une belle mort », offert par mon copain Sylvain. Je connaissais déjà Courtemanche via sa chronique dans Le Devoir et ses livres « Un dimanche à la piscine à Kigali » et « La seconde révolution tranquille », plus que comme voisin d’en face de la rue Waverly, puisque dans le quartier il ne semble pas être un grand bavard… J’avais dévoré l’an dernier, en 2 jours « un dimanche à la piscine… », même que je le traînais avec moi sur le banc d’en avant en auto que j’en lisais quelques lignes aux feux rouges. Cette journée là, j’étais tellement pris par l’intensité de ce livre que je descends de l’auto, je réembarque dans le roman tout en me dirigeant vers mon entrée, et je manque presque de foncer sur un homme qui s’en venait sur le trottoir, tellement que j’étais submergé par le récit de ce journaliste au Rwanda durant le génocide. Cet homme était Gil Courtemanche… « Euh, excusez-moi… euh… (j’étais gelé, mais je n’avais rien fumé) bravo pour votre livre... (lui dis-je un peu poigné) » J’avais l’air un peu cave, j’ai jamais été très groupie et lui ne semble rien à tirer non plus de fans club. Bref, pour revenir à « Une belle mort » que j’ai terminé aujourd’hui, bien sûr il n’est pas aussi intense que le précédent, mais enfin! un autre ton à donner aux relations enfants – parents en fin de vie, et à toutes les relations familiales, le temps des fêtes, parents malades vieillissants, etc… avec un certain regard qui est le sien, un malaise, mais combien une réalité très d’aujourd’hui.


3- Le 3e un cadeau offert par moi-même et trouvé dans une vente de garage de l’automne dernier au prix onéreux de $2, le roman de Michel Tremblay « La nuit des princes charmants ». Les 5 livres des Chroniques du plateau, m’avaient marqué, tellement je trouvais réaliste et pertinent à conter le quotidien de ces personnages de l’après guerre jusqu’aux années 70. « La nuit des prnces charmants » se passe aussi dans les années 60, sur une longue soirée d’un jeune gay qui cherche le vrai amour, en nous dessinant cette réalité en plus dans une autre époque … met plus en avant plan l’amour que la sexualité homosexuelle. Bien sûr il y a en arrière plan les détails de la vie nocturne que vivent le milieu gay… mais il y a d’abord celle plutôt tranquille de ce jeune homme qui ne cherche rien de moins que le prince charmant. La description des rues du centre-ville, des bars et restaurants de l’époque, m’ont beaucoup plu… ça m’a toujours intéressé ces clins d’œil historiques.

Voilà pour mes petites lectures…L’autre solution à mon manque de livres pour les 4-5 semaines restantes de ce voyage … serait de me faire des amis francophones sur la plage afin qu’on échange des livres, mais je n’ai pas vraiment vu de francophones jusqu’à maintenant… avez-vous d’autres solutions?

Rozana était crevée en arrivant à 7h ce soir et s’est endormie sans même avoir mangé, il faut dire qu’il a fait particulièrement chaud aujourd’hui et nous sommes allés en ville où c’est crevant au milieu du jour. Moi, je me suis mis à écouter « Des idées pleins la tête » avec l’anthropologue Serge Bouchard suivi d’«Indicatif Présent » en reprise avec Marie-France Bazzo sur radio-Canada via internet… tout en écrivant ce petit texte. Demain sera une journée spéciale avec Rozie, puisqu’après-demain Josée viendra la chercher. Rozana a bien hâte de revoir sa maman et je pense bien que c’est réciproque aussi. Nous avons vraiment passé un très bon temps ensemble, beaucoup plus facile que je ne l’aurais cru malgré des petits moments de disciplines obligés. J’ai tenté d’être le plus possible présent à elle, parce que je trouve que dans mon quotidien à Montréal je ne le suis pas assez, bien sûr cette perception est la mienne et reste toute relative. Elle a des choses à dire, et je trouve important d’être le plus possible présent à cette personne qui grandie un peu plus chaque jour. Bien sûr, je vais vivre un grand vide à partir de jeudi, le défi maintenant sera de me donner à moi-même cette présence de cœur et d’esprit, pour que je profite au maximum de la deuxième partie de ce voyage.

Je vous laisse sur une photo, plutôt sexy, non ?

Et si vous avez le goût de voir d’autres photos de ce voyage… je les intègre à l’occasion sur un espace personnel offert généreusement par Bill Gate… vous n’avez qu’à cliquer sur le lien suivant… en espérant que cela fonctionne car certaines personnes semblent avoir des difficultés à ouvrir cet hyperlien. Essayez en faisant Ctrl + cliquant sur le bouton gauche de la souris.


Richard

P.S. Je me suis couché tard lundi soir… tout comme vous à cause des élections fédérales…mais que s’est-il passé au Québec… avec ces 10 députés conservateurs…???



31 janvier
6e billet
Entrer en quarantaine…


En quarantaine, comme une pause sanitaire, une pause salutaire, non comme une punition… un retrait pour mieux revenir, pour mieux revivre… réfléchir, penser, se centrer… certains diront… que je pense trop… je suis fait comme ça ! Je n’y peux rien c’est ainsi ! Il y en a qui réfléchissent trop et d’autres pas assez.

L’atteinte de quarante ans est peut-être justement d’entrer en quarantaine… ou bien entrer en quarantaine pour mieux vivre la quarantaine. S’arrêter, évaluer, faire des bilans, pour mieux repartir, ça peut être un peu « psycho pop» allez-vous trouver? Ou autre chose du genre. C’est ce que j’ai trouvé de mieux à faire… Crise de la quarantaine dites-vous ? Il y en a qui disent oui, oui, crise de la trentaine aussi, crise de la cinquantaine ou celle de la soixantaine elle ??? Une amie qui a eu soixante ans, m’a dit que chaque changement de dizaine était un peu comme visiter un nouveau pays… Ça j’aime bien !!! Pour le voyageur que je suis, disons que je vais essayer de ne pas trop m’enfermer dans la crise mais plutôt dans la visite d’un nouveau pays… mais peut-être entrer en quarantaine avant ce nouveau voyage est un mal nécessaire.

Un peu comme un paquebot infecté de toutes sortes de petits virus et microbes qu’on traîne à travers les années, on le met en retrait, en quarantaine… avant d’accoster ou de repartir. C’est sain ! Je me sens un peu comme ce paquebot, mais voilà loin d’une punition… c’est un cadeau que je me suis fait… Je suis conscient que je suis privilégié de vivre ce moment de retrait, cette pause… Non … ici pas de projet, pas vraiment de discussion de politique, un peu de suivi de l’actualité mais à peine, lire, écrire (si peu), regarder les vagues, prendre un café (même imbuvable, la seule chose qui me manque est le café du club social italien ou du café Olympico), regarder les palmiers se balancer, voilà c’est plus que des vacances, c’est plus qu’un voyage, c’est ma quarantaine!

Dans un autre voyage, je m’étais laissé aller à disserter sur la différence entre voyage et vacances… Pour moi, vacances étant une petite pause sans préoccupation du quotidien, c’est pour cela que dans le sud j’associerais vacances aux touristes qui viennent 1 ou 2 semaines (de façon générale) en hôtel sur le bord de la mer (tout compris ou non), en opposition à ceux qui voyagent avec un itinéraire ou non, mais qui bougent et qui se déplacent de façon simple comme les gens du pays, rentrent en contact avec eux, prennent les bus, mangent comme eux, s’intéressent à la culture, à la langue, à l’histoire des peuples qui y vivent etc. Bien sûr, il y a toute une palette de nuances entre ces deux scénarios…

Prendre un appartement durant deux mois dans une station balnéaire au Mexique, en est une… d’abord un peu du premier… car j’utilise les services d’un hôtel qui est tout près (piscine, accès à la plage, etc) tout cela à un prix d’ami, de l’autre côté, j’ai un peu de difficulté d’être avec des gringos qu’ils soient étasuniens ou canadiens (incluant les québécois, mais j’en ai peu vu)… arrive donc, l’appartement, s’organiser, négocier en espagnol, faire son marché, prendre les bus alors que les gringos prennent des taxis, confronter les regards envieux d’hommes mexicains mais aussi ceux souriants des jeunes enfants… voilà la partie voyage que les touristes ont peu accès.

Demain je prendrai mes pénates ou du moins une partie, pour aller me promener dans l’état du Michoacan à l’intérieur du pays, ou la vie culturelle est riche, par l’architecture coloniale de ses villes, cinéma, théâtre et spectacles de Trova mexicaine dans la capitale de l’État : Morélia. Une pause dans la pause… il faut le faire ! Le voyageur en moi va renaître pour le temps d’une semaine… question de connaître une autre région de ce si grand pays, dans toute sa diversité de populations, de paysages, de cultures, de nourritures, de climats…

Malheureusement je ne pourrai visiter le sanctuaire de papillon monarques qui aboutissent ici dans l’État de Michoacan chaque année en novembre-décembre. Ces papillons qui partent de chez nous à coup de 30 Km par jour pour aboutir dans cette région du Mexique (4000 Km plus loin) pour venir se réfugier pour se procréer avant de remonter vers nos terres. Il semblerait que c’est fabuleux de voir ces millions de monarques dans cette réserve du Michoacan située à 3000 M d’altitude. Ça sera pour une prochaine fois… si vous voulez en connaître plus vous pouvez cliquer sur le lien suivant.

http://www.mexique-fr.com/monarcas.php

Samedi soir, je suis sorti en ville, dans un bar typiquement mexicain (j’étais le seul gringo), ça dansait la cumbia avec des pauses de karaoké de chansons de ranchero mexicain. Je me sentais un peu comme un anthropologue ou sociologue, observant la vie mexicaine à son meilleur lors d’une pause de samedi soir. Même si je n’étais pas trop impliqué dans le « party », j’aimais bien être là à ce moment pour examiner une autre facette du quotidien des mexicains. Je me suis rendu auparavant, à Ixtapa la ville voisine, purement touristique, je me suis arrêté chez Carlos & Charlies, où avec un animateur qui parle anglais les touristes prennent un coup et dansent sur des tounes américaines. Je ne m’y sentais pas trop à l’aise et je me sentais là aussi un peu « out sider » et tant qu’à jouer les anthropologues ce soir là, j’aimais mieux le faire avec comme sujet les mexicains de Zihuatanejo.

Rozana est avec sa mère depuis quelques jours et pour la prochaine semaine, je la retrouverai pour deux jours avant qu’elle retourne au Québec le 10 février. Ce fut encore une fois un séjour avec elle très bénéfique pour moi, je suis content de toute cette intensité vécue durant ces premières semaines. Elle est grande, elle est belle, et on peut déjà se l’imaginer plus grande à l’adolescence ou adulte comment elle sera… c’est assez comique, mais je n’aime autant pas trop y penser !!! Comme la vie va vite. Le thème du présent occupe aussi beaucoup mes pensées, c’est un très beau contexte pour le faire, maintenant il faudra transférer ces petits acquis dans le quotidien trépidant du Québec !

Richard


Zihuatanejo, le 31 janvier 2006
7e billet

Morélia de mis amores…

Je me dépêchais à faire mon sac, il ne fallait pas qu’il soit trop lourd, je laisse l’ordi, mes livres, sauf un roman et un essai que j’ai commencé à lire, une partie de mes vêtements… Ça y est, je le lance par en arrière sur mes épaules et je descends la côte, où sur la route je hèle un taxi qui me mènera à la gare de bus. J’étais une bonne heure et quart d’avance, mais comme je n’avais pas encore mon ticket, je ne voulais pas manquer le bus de 10h15 pour Morélia, le plus direct de la journée.

Après avoir acheté mon passage, je remets mon baluchon sur le dos pour aller me chercher à déjeuner. Dans le quartier des gares à l’extérieur du centre-ville, c’est typiquement mexicain et ouvrier, on y mange des tacos de porcs avec de la bière pour ce premier repas du matin… à mon avis ça semble le premier… mais à 9h00 du matin les mexicains en sont souvent à leur deuxième repas. Je m’abstiens pour la bière et demande 2 ordres de tacos. Ma faim qui me tenaille tellement m’empêche de réfléchir à ce que cette surdose de cholestérol fera à mon estomac. Bien qu’endurci à la bouffe de la rue, cet organe interne montre de plus en plus des signes de limite, hélas on n’a plus 20 ans, serait-ce encore un signe de la quarantaine ???

L’effet d’une bombe dans mon estomac ne se fait pas tarder et un certain mal de tête qui l’accompagne. Tiens donc, je me suis dit, les effets de « hang over » peuvent se faire sentir sans avoir ingurgiter une goutte d’alcool…

En passant devant un comptoir de fruits sur une rue tout près de la gare, je regrette mon choix de déjeuner, je croyais étant donné une route qui s’annonçait de 4-5 heures sans arrêt pour atteindre Morélia, que je devais m’empiffrer comme je l’ai fait… Il semblerait que la sagesse manque encore … Je marche encore un peu pour tenter de faire descendre ce bloc de ciment au fond de mes entrailles avant de retourner à la gare. Je monte dans le bus de première classe, c’est le seul qui fait Morélia directement à une heure raisonnable. J’ai mon siège en avant, le Nº 4, pas celui derrière le chauffeur, mais celui du côté droit sur le bord de la fenêtre. Cela a bien peu d’importance, puisque nous sommes 3 à monter dans le bus. Un jeune homme qui s’assoit sur le siège nº 1 juste derrière le chauffeur et une jeune fille qui va s’étendre rapidement sur deux sièges au milieu du bus. Je présume que ce sont 2 étudiants universitaires qui retournent à Morélia et que peut-être, ils n’avaient pas de cours en début de semaine, d’où leur trajet en plein mercredi.

Nous bénéficierons pour ce trajet d’une nouvelle autoroute terminée qui réduit notre trajet de 8 heures à 4h30. On manque bien sûr les petites villes et villages pittoresques, mais ce n’est pas trop le but de ce petit voyage. J’ai envi d’un peu de culture urbaine, de spectacles de musique, de promenades dans une belle ville coloniale à contempler des églises et des édifices qui datent du 16e siècle, aller peut-être au cinéma voir autre chose que des films étasuniens et surtout boire un café latte, capuccino, ou expresso qui soit buvable. Bref, un bain de culture et de mouvement citadin à la mexicaine. Et cette vieille ville coloniale de 1,5 million d’habitants, ville universitaire et capitale de l’État du Michoacan, fera j’en suis sûr très bien l’affaire. Bien attendu, j’aurais pu pousser un peu plus loin mon délire urbain et me rendre dans la « big apple » mexicaine, ce n’est que 2-3 heures de plus pour y aller. Mais la capitale mexicaine de 25 millions de personnes, la plus populeuse et pollueuse de notre si petite planète, ne faisait pas partie de mon radar cette année. Je l’ai visité il y a 18 ans, et bien que se soit une ville impressionnante et à voir, elle ne me manque pas pour l’instant. Non, Morélia qui est encore de grandeur à échelle plus humaine comme Montréal suffit pour mes besoins d’évasion. Surtout que la capitale du Michoacan sera un excellent point de chute pour aller faire des sorties dans la région.

En arrivant au milieu de l’après-midi à la gare de Morélia, située à 4 Km du centre-ville, je prends un combi (micro bus) pour m’y conduire afin de partir à la recherche d’un petit nid qui me conviendra pour le court séjour que je veux y faire. Après la visite de quelques hôtels, je m’arrête à l’hôtel Florida, rien de très chic, mais la chambre est plus spacieuse et plus éclairée que les cocons visités précédemment et surtout Florida se trouve juste derrière la Cathédrale et de la place d’Armes et bien attendu à 2 pas des différents centres d’intérêt. Je tente de négocier un peu, l’hôtel n’est pas très achalandé à cette période de l’année. On s’entend pour 300 pesos par nuit (33$ canadien) c’est un peu plus de ce que je m’attendais à payer, mais c’est quand même pas trop cher, on mangera encore des tacos pour équilibrer le budget.

Je défais mes pénates pour m’installer dans mon nouveau chez moi et je m’habille plus chaudement avant de redescendre dans la rue. Nous sommes à 2000 M d’altitude et la nuit ça peut descendre jusqu’à 5 ou 10 degré. Donc je tronque mes sandales pour mes espadrilles avec des bas et j’enfile une petite veste par-dessus mon t-shirt. 5h l’après-midi, avant d’aller découvrir le centre-ville à pied, je me dirige en premier lieu dans un café de la place d’armes pour aller goûter un café italien que je rêve depuis quelques jours et qui est pratiquement impossible à trouver à Zihuatanejo sur la côte. Ah quel délice! Ça ne vaut pas encore celui de la rue St-Viateur dans mon quartier, mais on s’en rapproche…J’ai peut-être l’air un peu prétentieux et difficile avec mes histoires de café, mais cela a toujours été un peu mon calvaire en voyage, mais en même temps un certain plaisir de recherche.

Je le savoure jusqu’à la dernière goutte, même si je sais qu’il m’a laissé en bouche probablement une haleine à faire fuir la gente féminine. J’attendrai au moins 30 minutes avant de m’enfiler une gomme, afin que je puisse éterniser cette saveur sur mes papilles gustatives.

Je marche, je découvre, je tourne dans des petites rues en pierres, je fais le tour des parcs, des édifices coloniaux de l’époque des espagnols, c’est le meilleur moyen d’apprivoiser une nouvelle ville. Après quelques heures de marches dans ce joyau de l’humanité, classé patrimoine mondial par l’UNESCO, je décide enfin d’écouter mon estomac qui crie famine et qui a laissé partir le bloc de ciment du matin, pour me choisir une assiette de poulet Permasan, accompagné de salade michoacane, de fèves (frijoles), frites et tortillas. Quel bonheur pour mon estomac rétabli ! Le serveur qui me fait de l’œil, est plutôt aimable malgré son insistance à vouloir combler mes besoins de tout ordre. Désolé mec, ça sera pour une prochaine fois…

Je reprends la rue où je m’étais promis d’aller assister à un spectacle de musique Trova. Malgré une grande fatigue vue l’heure tardive et la journée passée, je décide d’entrer au bar Peña Colibri, lieu spécialisé en ce genre de musique. J’entre dans une cour intérieure d’un très bel édifice colonial, où tour à tour des chansonniers guitare à la main entament des chansons cubaines de Sylvio Rodriguez ou Pablo Milanez ou encore de la Trova mexicaine.

Minuit sonne, je rentre chez Florida avant de me transformer en citrouille, mort de fatigue, je m’endors avant même d’avoir éteint la lumière.

Bonne nuit !

Richard




Zihuatanejo, le 8 février 2006
8e billet

Une merveilleuse histoire de la nature…

De retour à la maison, où j’ai retrouvé ma Rozie chérie pour 2 jours avant qu’elle s’envole pour Montréal avec sa maman. Je dis bien de retour à la maison, car c’est exactement comment je me suis senti quand j’ai descendu au terminal de bus de Zihuatanejo et que j’ai pris un taxi pour ma petite choza que j’ai loué pour ces deux mois.

Que de différences entre le Mexique de la côte et celui de l’intérieur, un peu comme les différences qui marquent les vacances des voyages. Disons qu’à l’intérieur on y retrouve des villes coloniales, des sites archéologiques, un climat plus frais, des montagnes, des cactus et des papillons monarques venus du Canada pour hiberner. Alors que sur la côte, on y retrouve surtout le soleil et ses couchers, des vagues, du sable entre les orteils, des palmiers dont les grandes feuilles flottent au vent et une Rozana heureuse, bien bronzée qui termine un voyage-vacance de 6 semaines au Mexique.

De mon séjour-voyage dans l’État du Michoacan, je garde un beau souvenir de sa capitale Morélia, une ville coloniale et universitaire. Ses cafés animés, les promenades dans son centre historique (Morélia est nommée par l’Unesco, patrimoine mondial). Aussi je me souviendrai d’Hector, un journaliste dans la soixantaine avec qui j’ai eu à quelques reprises des discussions sur la politique mexicaine et internationale, sur la philosophie et sur la vie culturelle d’ici, ça fait du bien ! Alors Hector du café Madero à Morélia, je te dis salut et à la prochaine!

Lors d’un courriel passé, je vous avais induit en erreur sur le passage des papillons monarques en disant que la période était terminée, ce n’est pas le cas puisqu’ils viennent y séjourner tout l’hiver et commence leur remontée, ou plutôt leur montée (étant donné qu’ils le font qu’une seule fois) vers le Canada à partir de mars. Je me suis donc payé cette sortie qui était un rêve de quelques années depuis que j’avais vu un reportage à Découverte où notre ami Charles Tisseyre nous a présenté un reportage de la BBC où on pouvait voir ce phénomène de l’émigration de cet insecte de chez nous vers les forêts de l’État du Michoacan.



Alors, je me suis rendu ce matin là par bus locaux au sanctuaire d’El Rosario, situé à 3 heures de Morélia. Je dois vous dire que malgré ce coin assez reculé en plein centre du Mexique, que j’ai été enchanté par cette excursion. Les papillons monarques arrivent ici autour de début novembre après avoir parcouru 4 à 5000 Km à partir du sud du Canada (ou du nord des USA) à coup de 30 Km par jour. Dans le but d’hiberner, car dans les forêts des quelques sanctuaires existant dans cette région, la température baisse la nuit sous le zéro, permettant à cette insecte d’hiberner mais ne baisse pas assez pour empêcher sa survie. Le parcours qu’ils font ressemble à celui d’un entonnoir, car ils aboutissent en grande partie dans un territoire assez limité, faisant en sorte qu’ils s’y retrouvent par millions (on peut y trouver jusqu’à 20 millions de monarques dans le seul sanctuaire que j’ai visité, ça en fait du papillon! Et c’est assez impressionnant à voir). C’est un phénomène assez étrange, d’abord pour leur survie de 9-10 mois alors que la plupart des papillons ne vivent que quelques semaines voir quelques jours, celui aussi de l’émigration au même endroit chaque années alors qu’ils font la route qu’une seule fois dans leur vie et que ce sont leurs descendants qui reprendront le relais et enfin une troisième raison du « miracle » à mon sens est celle de leur survie sans prédateur puisqu’ils se nourrissent et pondent leurs œufs entre autre sur les feuilles d’asclépiade, une plante vénéneuse, leur donnant la couleur orangée et avertissant ainsi les potentiels prédateurs du danger de s’y attaquer .

Mon guide pour la randonnée se nomme Juan, son nouvel emploi (bien qu’à temps partiel) fait partie du développement éco-touristique qu’on a décidé de faire depuis seulement quelques années pour sauver les monarques. Les habitants de la région, faisant partie d’un groupe autochtone, coupaient les arbres de pins et autres conifères qu’on retrouve dans ces forêts qui abritent les papillons l’hiver. De sorte que la déforestation menaçait la survie de cette espèce. Des écologistes mexicains et canadiens se sont associés pour trouver et proposer des solutions au gouvernement et communautés du coin. C’est un autre exemple du questionnement que pose le développement durable qui doit tenir en compte de l’aspect écologique ainsi que de l’aspect économique local. En interdisant la coupe dans ces forêts afin de la protéger, on venait de faire perdre un gagne pain à des populations déjà fortement appauvries. La solution résidait donc sur différents plans, d’abord celui de la reforestation, et celui d’un développement éco-touristique pour faire connaître le phénomène des monarques et ainsi donner du travail à une bonne partie de la population (artisanats souvenirs, petits restos familiaux, prix d’entrée à la réserve qui retourne à la communauté, guide obligatoire pour l’excursion, etc…). Des sentiers sont donc balisés, pour protéger la flore et les monarques.

J’entreprends donc la montée de cette montagne du El Rosario avec Juan, déjà je suis assez impressionné de voir ces insectes par dizaines qui virevoltent autour de moi. Le soleil de plus en plus présent à la fin de l’avant midi, c’est vite par centaines qu’on peut apercevoir ces jolis papillons oranges et noir voler autour de nous. Arrivé en plein milieu de la forêt un peu plus haut sur la montagne, le mot sanctuaire prend tout son sens… des pancartes nous indiquent de garder le silence car c’est vraiment là que les papillons viennent s’immobiliser et prendre des forces et c’est par milliers qu’on les retrouvent accrochés aux branches des arbres et aux rameaux des plantes. La douzaine de visiteurs seulement qui se retrouvent là en sont bouche bée, ils regardent le retour vers la forêt de ce petit animal qui semble rentrer à la maison. Ce spectacle est celui d’une forêt enchantée...

Le Papillon aura doublé son poids et sa grandeur avant mars pour le retour, il est faux de prétendre qu’il volera jusqu’à chez nous, il se laissera plutôt porter par les vents une bonne partie du voyage. Plusieurs mourront en chemin, et leurs petits, œufs, chenilles, cocons puis papillons prendront le relais pour terminer la route de leurs prédécesseurs. Et c’est ainsi que depuis des générations de monarques que la route vers le sud se fait pour sauver leur peau…

Voir cette envolée de monarque dans le sanctuaire san Rosario dans l'État du Michoacan


Richard


12 février 2006

9e billet
Retour sur le présent… (ou back to the present)

Je suis sorti dans un nouveau bar hier soir, il y avait de la musique « live » Trova. Comme Jesus, père de deux belles filles, rencontré dans ce bar m’a dit : la musique Trova, c’est de la musique intelligente pas des niaiseries (traduction libre!). J’ai fait mes premiers pas dans ce bar qu’on nomme « El canto de las sirenas » (Le chant des sirènes)… Jesus avec sa famille s’y trouvait à la table voisine… deux belles filles 12 et 9 ans, une conjointe aussi charmante. C’est ça le Mexique, même si ce n’est pas courant… les enfants accompagnés de leurs parents peuvent entrer dans les bars. Jesus, déjà un peu pompette, entame vite la conversation avec moi. La famille veut immigrer au Canada du côté d’Edmonton… ils y connaissent un ami… leur petit côté gauchiste-progressiste me fait lui dire qu’ils s’emmerderaient au pays de Klein et Harper. Je baisse un peu leurs attentes face au Canada, sans trop les décevoir, je ne veux pas briser leur rêve, mais mes 12 ans d’expérience dans le milieu de l’immigration, si elles ne servent plus beaucoup pour le Québec, elles peuvent toujours servir à 1h du matin dans une conversation embrumée, à conseiller une famille mexicaine qui veut immigrer. On parle d’emploi, d’intégration des enfants, l’importance du projet familial, coût de la vie, achat de maison, réseau social, climat, non-reconnaissance des acquis scolaires et professionnels, c’est tout un projet que celui d’immigrer. Mais ils restent convaincus… et c’est pour 2008. Alors Bonne chance et bienvenue!

En échange, il me parle de Zihuatanejo, il est cadre à la ville et m’entretient des propriétés à vendre. Car oui, depuis quelques jours, le goût d’avoir un pied à terre au Mexique m’a repris… surtout que je me sens bien ici… malgré les touristes gringos et le manque d’un bon « caffe latte »… Alors Jesus se propose de m’accompagner à visiter certains coins de la ville où il y a du développement. Je ne me fais pas trop d’attente, mais si une occasion comme ma petite choza se présente… pourquoi pas si ce n’est pas trop cher ! Et vous, Viendriez-vous y passer des vacances ?

On continue de jaser de tout et de rien, il me parle de sa vasectomie qu’il s’est fait faire il y a 9 ans à la naissance de sa deuxième. Ce qui amène une conversation sur le machisme, car vous vous imaginez, si une telle opération est peu fréquente chez nous, elle l’est encore moins dans un pays comme le Mexique où la virilité mâle est encore omniprésente… Jesus semble assez fier d’être à contre-courant. On parle de politique, de drogue, de tout et de rien… rendu à 3h 30 AM alors que je vois ses deux princesses endormies sur les chaises et sa femme s’emmerder un peu… je lui conseille qu’il serait peut-être temps d’aller se coucher… sa femme qui me fait un sourire semble être bien contente que j’enligne la conversation dans ce sens.

Je reste un peu plus longtemps pour écouter un dernier chansonnier avant moi-même de sortir de ce Chant des sirènes. Je marche vers le centre-ville ou je m’arrête manger un ordre de tacos à une taqueria ouverte 24 h, avant de sauter dans un taxi qui me ramène à la Choza.

Aujourd’hui avec mon manque de sommeil de la nuit dernière, j’ai décidé d’aller m’isoler un peu au bout de la plage, j’y ai trouvé un déjeuner comme il me plaît : c'est-à-dire huevos rancheros (Œufs à la sauce piquante) avec des tortillas de maïs…et je me tape un lait de banane, c’est un délice !

C’est une journée, un peu lendemain de veille, alors je flâne à cet endroit jusqu’à la fin de l’après-midi, à faire une sieste, à lire et à écouter du Leonard Cohen et Bob Dylan, il me semble que cela s’apprête bien. « How many road must a man walked down, before you call him a man »… Ma thérapeute, m’a déjà dit qu’un homme devient un homme à partir de 40 ans… je crois que je suis un peu d’accord, mais il est sûrement nécessaire d’abord qu’il emprunte certaines routes…

Je me suis replongé dans « Désir d’humanité : Le droit de rêver » de Riccardo Petrella. Un essai politique, critique de la mondialisation économique actuelle et la nécessité de l’être humain de rêver à un autre monde possible, sur les questions de pauvreté, de l’environnement, du développement durable. De mettre en avant scène le bien commun sur la propriété privé. Je n’avais pas lu beaucoup politique jusqu’à maintenant, peut-être à l’approche de mon retour, je sens le besoin tranquillement de m’y remettre. De toute façon, je ne peux laisser la sociologie et la politique très loin derrière, car vite fait ça me manque. J’ai suivi aussi à distance avec intérêt la création du nouveau parti « Québec solidaire » comme membre fondateur de ce parti (mais absent à son congrès de fondation) je ne peux m’empêcher de rêver qu’un jour peut-être proche qu’un Amir Kadir, une Françoise David ou un François Saillant pourraient siéger à l’Assemblée nationale défendant des dossiers qui me sont si chers.

On m’a demandé, si le fait d’être branché en voyage, ne m’empêche pas de décrocher… Je peux répondre que j’ai été en communication constante via le « chat-caméra » et le téléphone-internet avec certaines personnes, et même à écouter des émissions de Marie-France Bazzo, à l’occasion le matin avant d’aller à la plage, et que pour moi cela n’empêche rien, car avec le décor qu’on a ici et la vie mexicaine… si on veut décrocher… on y arrive! Et je n’ai jamais senti le besoin de décrocher de tout et en particulier des choses de mon quotidien que j’aime. Est-ce une obligation? Moi, je n’en sens pas le besoin!

18h30, la boule de feu en face de moi entreprend son miracle quotidien, qui est tranquillement de disparaître dans l’océan pacifique… elle est particulièrement magnifique ce soir. Comme par magie, je l’imagine qui réapparaît dans d’autres contrées de l’Asie au bout de mon horizon… En me retournant, du côté de la sierra, c’est sa sœur qui prend le relais en l’espace de quelques minutes nous sommes passé du jour à la nuit. Je termine mon cocktail de crevettes que je m’étais commandé pour cet événement… et je retourne tranquillement, pieds nus sur le sable, vers ma petite choza. Ça c’est du décrochage!

Richard Ryan
Le 12 février 2006
Zihuatanejo, État de Guerrero, Mexique



Un cadeau de St-Valentin, 10e billet

Vivre le moment présent en voyage comme à la maison, passe forcément par la contemplation. Il peut être évidemment plus facile d’être contemplatif dans certains contextes. Être à l’extérieur de chez soi par exemple, pas dans le sens que le jardin du voisin est toujours plus beau, mais plutôt dans le sens que quand on décroche de notre quotidien, on peut être plus ouvert à voir de belles chose. Ce n’est pas de l’envie, mais plutôt un état de présence et d’accueil à ce que l’on voit, ce que l’on sent, ce que l’on entend, ce que l’on goûte et ce que l’on touche au moment et à l’endroit où on se trouve.

Un enfant peut aussi aider à se connecter à nos sens. Mais ces contextes, bien que facilitant la contemplation, ne garantissent pas que nous allons vivre pleinement, sereinement, généreusement nos sens et le moment présent. Longtemps, j’ai voyagé sans vraiment être ouvert à ce que je pouvais vivre au moment où je le faisais. Je me cherchais, il est difficile d’être contemplatif à ce moment là. Du Big Ben à Londres, au mur de Berlin (il était encore debout à l’époque), de l’Alambra au sud de l’Espagne à la Mosquée bleue d’Istanboul, du chemin Inca qui mène aux vestiges du Maccu Pichu aux jungles du Chiapas et de ses ruines mayas, je ne peux dire que j’ai été particulièrement contemplatif et pourtant !

Voyageais-je pour fuir ? Ou pour me trouver? Sûrement un peu des deux…

Les événements de la vie des dernières années, naissance de Rozana, accident, séparation, dépression et bien attendu thérapie, m’ont amené petit à petit à jouir davantage des petits plaisirs. Aujourd’hui, jour de St-Valentin, que puis-je dire de plus que je suis maintenant persuadé que l’amour n’est grand que dans les petits plaisirs vécus dans les moments présents.

La contemplation résume bien alors ces petits moments… Le cœur peut mieux s’ouvrir, et c’est là peut être notre mission principale que nous devons porter, que si on s’arrête et que l’on prend conscience de nos 5 sens et qu’on profite de tous ses effets, sûrement que l’amour naîtra…

Le cocktail de fruits avec de la papaye et de l’ananas était succulent, les deux pieds dans le pacifique, les yeux sur le large à sentir cette brise chaude sur ma peau et cette odeur de sable humecté par les vagues qui me monte tranquillement dans mes narines… voilà un moment de contemplation que je m’offre en ce 14 février.

Mais vous savez, il y a, de la très bonne papaye au marché Jean-Talon (même en plein hiver), avec un peu d’imagination, ou un film au cinéma, un livre, une sortie avec des personnes que vous avez vraiment envi de voir, un bon café au coin de la rue… je vous souhaite que vous prenez ce petit moment d’abord pour vous en ce jour de St-Valentin. Faites vous un petit plaisir…

Soyez contemplatif qu’un seul instant dans votre journée et sûrement votre cœur s’ouvrira, d’abord à vous-même, puis à l’autre, aux autres….
Et si vous lisez ceci au 15 février, on peut le refaire, ainsi que le 16, le 17, le 18…

Bonne St-Valentin !


Le 15 février au matin,
J’ai vu les 2 italiennes avec qui je me suis lié d’amitié depuis quelques jours, sur la plage hier après-midi, elles m’ont dit qu’elles allaient passer une soirée spéciale de cuisine au Restaurant Fortino, le restaurant de Marcella et Pepe, un couple d’amis, qui vient du centre du pays et qui ont ce petit resto à Zihuatanejo depuis quelques années, super sympathique et très bon !

J’avais traîné mes deux nouvelles amies à ce resto vendredi dernier, et elles ont tellement aimé qu’elles sont retournées durant le week-end. Elles ont donc, convenu hier puisque le resto est fermé le mardi, de donner un cours de cuisine italienne à Marcella et Pepe, ainsi des mets italiens pourront être rajoutés au menu. À leur invitation je me suis joint à elles… Durant près de deux heures Daniella a dirigé à la place de Marcella la cuisine du Fortino, et les quatre autres avec des tâches bien précises pour préparer 5 différentes recettes de pâtes italiennes et de poissons. Marcella avec son crayon notait les détails …



Tour de Catamaran dans la baie de Zihuatanejo
avec mes amies italiennes

Ma tâche a été entre autre d’arranger du basilic, Le pesto était aussi du menu mais il fallait du basilic partout… Je ne vous dis pas l’arôme qui régnait dans cette cuisine… Au bout de 2 bonnes heures de travail… Un festin à l’italienne a été installé sur une des tables en plein centre du restaurant, où tous les 5, nous nous sommes mis à table pour déguster ces délices que nous venions de préparer…

Si vous passez un jour par Zihuatanejo et que vous voulez un resto, où la simplicité, le bonheur, le bon goût, le sourire et bientôt des mêts italiens sont au menu… allez au Fortino !

Richard



L'activité de dernière semaine 11e billet

Zihuatanejo, le 21 février 2006

Le soleil se couche, les gens quittent peu à peu la plage, Michel sculpte une forme sur le sable, les employés des hôtels rangent les coussins des chaises, comme ils le font à chaque fin de journée…

Michel, mon ami d’enfance est venu passer une semaine ici, sûrement pour changer d’air de son quotidien, mais sûrement aussi un peu pour vérifier toutes les qualités que je trouve à ce pays.

Semaine un peu active, car je me suis mis (ou remis) en tête de me trouver un pied à terre ici, terrain, appartement, ou n’importe quoi qui me servirait à re-poser mes pénates et tranquillement y faire des racines. J’ai compris dans ce voyage que j’aurais beau voyager encore et encore, ce que je cherche est ici et maintenant et qu’il suffisait de le contempler pour pouvoir vraiment en profiter. Bien sûr je suis revenu à quelque chose de très pratico-pratique en m’embarquant depuis quelques jours dans ces démarches de recherche d’un terrain. C’est que Zihuatanejo, réunit aussi tous ces éléments qui me sont nécessaires à l’évasion, lorsque vient les mois difficiles de l’hiver. Ceux qui me connaissent davantage savent combien la lumière, le soleil et la chaleur sont importants pour ma santé mentale, lors de nos passages hivernaux.

Je me considère privilégié de pouvoir m’offrir ces moments, Merci à la vie, Gracias a la vida!

Je sens que je n’ai plus à jouer les troubadours ou les nomades quand je quitte ma terre natale. Je peux comme un arbre qui aurait ses racines dans deux jardins continuer à grandir et de faire de cet endroit un 2e lieu d’appartenance. C’est du moins l’appel que je sens présentement pour la première fois de ma vie ! Est-ce éphémère ? Ou quelque chose de durable ? L’avenir me le dira ! Et qui sait si la prochaine fois que je déposerai les pieds sur cette terre, ne sera pas pour y construire une maison, tout juste à côté de cet arbre.

Richard Ryan
Zihuatanejo, État de Guerrero, Mexique